J’aurais pu écrire ici un article du genre « Aujourd’hui j’ai testé pour vous le club de gym pour filles ». J’aurais pu parce que j’ai effectivement testé (davantage pour mes cuisses que pour vous mais peu importe) et il y a matière à raconter. Je vous aurais parlé de l’ambiance électro-juvénile, du concept révolutionnaire de court-circuit minceur et je vous aurais raconté comment mes copines et moi on a failli disjoncter.
Sauf que je ne vais rien écrire de tout ça parce que j’ai d’autres projets pour les heures à venir. Ce soir, je ne suis pas seule. Et pour tout vous dire, ça fait déjà quelque temps ça dure. Voilà, le scoop est lâché, c’est une exclusivité web. Certaines annoncent leur grossesse sur Facebook, d’autres font leur coming out via Twitter, moi j’écris sur mon blog que ce soir, je suis avec Bernard.
Demi scoop en réalité, parce que tous ceux qui me connaissent vraiment savent déjà qui est Bernard. Message perso : Maman, pas de panique, ne ressors pas toutes les photos de classe de l’école primaire de Gif-sur-Yvette à la recherche d’un copain de classe oublié ; oui tu me connais vraiment, et non Bernard n’est pas un ami, c’est un cafard.
Bernard et moi, on se connait depuis longtemps sans pour autant se fréquenter souvent. Chaque fois c’est pareil, il se pointe chez moi et s’installe quelque temps. C’est un cafard disais-je, le genre de bête qui nous dégoûte, que l’on redoute, que l’on guette armé d’une chaussure, jusqu’à ce que l’on réussisse à s’en débarrasser. Mais je me demande si on y arrive vraiment. C’est toujours là, jamais très loin, ou alors ça revient, et quand vous vous y attendez le moins ça déboule et vous met la tête à l’envers, le cœur en vrac. C’est triste bien sûr, mais pas tant que ça. Moi, j’ai appris à vivre avec, à apprivoiser la bête. J’ai donné un nom à mon cafard. Bernard.
Comme je vous disais, lui et moi, on a rendez-vous ce soir. Bien sûr j’appréhende, mais je viendrai chaussure au poing, comme chaque fois, pleine de courage et d’espoir. Peut-être que je finirai par l’avoir, peut-être même que ce sera pour de bon. Je me dis qu'il y aura bien une dernière fois et j'espère secrètement que les cafards n’ont pas plus de vies que les chats.