mardi 21 avril 2009

Futalités

J’avais passé une journée de merde, une vraie journée de merde, de celles qui vous plombent le moral pour au moins le reste de la semaine. Et comme c’était un lundi, la semaine en question s’annonçait plutôt mal. Alors je me suis dit que je pouvais légitimement m’offrir une séance shopping, dépenser les quelques vingt-huit euros qui se baladaient encore sur mon compte et qui, du reste, n’avaient rien à y faire en ce jour de déprime passagère.
En descendant la rue, je me voyais déjà acheter le pantalon rêvé et la petite veste assortie, le tout pour la modique somme de vingt-huit euros, le hasard fait, parait-il, parfois bien les choses, pourquoi pas aujourd’hui, pourquoi pas un lundi…
J’étais pleine d’espoir quand je suis entrée, j’y croyais vraiment, d’autant que pour forcer un peu le hasard, j’avais choisi le magasin le plus cheap de la ville, celui qui inlassablement ressort les mêmes collections depuis dix ans, hiver comme été, celui qui habille uniformément toutes les filles au budget serré, vingt-huit euros ou à peu près.
Dire que j’ai fini par dégoter le pantalon de mes rêves serait mentir, mais j’ai quand même fini par en dégoter un tout court, ce qui n’était déjà pas si mal compte tenu du fait qu’il était à ma taille, dans une couleur relativement peu criarde, et que je pouvais me le payer sans trop dépasser le découvert autorisé.
Pile le pantalon qui pouvait me faire oublier ce lundi pourri et toutes les petites galères qui s’étaient enfilées les unes derrière les autres tout au long de la journée comme des perles sur un collier. C’est comme ça que, dans la cabine d’essayage, j’ai tenté de troquer mon chapelet de morosité contre un futal; après quelques périlleuses contorsions, j’ai fini par rentrer dedans et j'ai compris à ce moment précis toute la dimension métaphorique du verbe « boudiner ». Je me suis mise à pleurer toutes les larmes de cette putain de journée.
En quittant la boutique, j’ai arpenté les rues quelque temps avant de décider que je ne pouvais pas laisser un pantalon me saquer le moral pour de bon. Je suis retournée l’acheter. Pas parce qu’il me plaisait, pas parce que je gardais l’espoir un peu fou de perdre un jour mes kilos de trop, mais juste pour être sûre qu’aucune autre fille ne se sentirait plus jamais moche dedans. Ça peut vous sembler dingue, mais je me suis sentie vachement mieux après.

5 commentaires:

  1. Dire que le moral s'achète !! Je connais ça: entre un coup de coiffeur pour me redonner une belle tête, et un achat superflu mais pas futile, j'ai tout fait aussi et ça fait du bien !!

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  2. PAREIL! Tout pareil! j'ai adoooré lire ta sensation qui a été, est et sera toujours mienne lorsque le blues te frappe! biz

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  3. Ben ?! Et la veste alors ?!!

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  4. Alors ça, l'acte d'humanité dans l'achat d'un pantalon... qui l'eût cru et pourtant! L'essentiel c'est le sourire :-)

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  5. Non, ça ne me semble pas dingue, je comprends ce qui passe par l'esprit dans ces moments-là, il fallait que tu l'achètes ! J'ai déjà fait ça aussi...je me demande si ça leur arrive aux hommes ;-)
    Reste à savoir si tu perdras ces kilos en trop dans le but de rentrer dans ce pantalon...;-)
    Beau we !
    J'me répète, j'adore passer ici ;-)

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