mercredi 23 décembre 2009

Révélations

On habitait en haut d’une butte, pas très haute, mais suffisamment pour que le Père Noël arrive en retard. Il lui fallait toute une nuit et toute une matinée pour parvenir jusqu’à notre maison, et nous devions attendre le 25 décembre à midi pour découvrir les cadeaux au pied du sapin. Forcément, on l’attendait chaque année comme le messie, depuis l’aube, avec l’espoir insensé que, pour une fois, il réussirait à grimper la côte au pas de course. Dès le petit-déjeuner, on chronométrait. On se disait qu’avec l’entrainement, il allait bien finir par améliorer son temps. Mais c’était sans compter sa surcharge pondérale et ses rennes toujours en rade.

Ainsi, notre Père Noël à nous ne volait pas. Il ne pouvait donc pas débouler du ciel. Et comme il ne pouvait pas non plus faire comme tout le monde et arriver par la porte d’entrée, on guettait partout son apparition. Ma sœur tenait le poste de commandement au rez-de-chaussée, et moi je fouillais chaque pièce de la maison, chaque endroit stratégique. Puisqu’on n’avait pas de cheminée et que personne n’était à une contradiction près, on trouvait tout à fait logique qu’il puisse sortir du four de la cuisine.

Et tous les ans, à midi précisément, mon grand-père avait quelque chose de très important à nous dire, mais dans la chambre à l’étage pour que nous soyons plus tranquilles pour parler. Alors que nous nous attendions à ce qu’il nous dévoile enfin le secret du Père Noël, il nous racontait toujours une de ses vieilles histoires que l’on connaissait par cœur, qui n’avaient jamais rien à voir avec Noël. Et quand on redescendait, pouf, les cadeaux étaient tous là. Et personne n’avait rien vu.

Et puis un jour, à force de coïncidences troublantes, j’ai fini par comprendre. Il arrivait toujours quand nous n’étions pas là, chaque fois au même moment, juste avant le repas. A l’heure de l’apéro, quand les bouteilles ouvertes trônaient sur la table. Le Père Noël était gros, mou, lent, et surtout alcoolique. Je n’ai pas voulu le dénoncer alors je n’ai jamais rien dit à personne. Jusqu’à aujourd’hui. Je sais, c’est moche de cafter...

4 commentaires:

  1. Magnifique et émouvant. Beau Noël à toi et à ceux que tu aimes.

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  2. Il reste toujours les jolis souvenirs pour un Noël tout en douceur.

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  3. Joyeux Noël, que la journée soit belle et enclin au sourire. Bise

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  4. C'est rigolo un père Noël qui arrive en retard, le 25 à midi ! Le mien arrivait au petit matin, dans la chambre où nous dormions avec ma grande soeur et où il y avait justement une cheminée. Ma grande soeur avait la consigne de garder ma tête sous les couvertures tant qu'il n'était pas remonté dans le conduit de cheminée, sous peine de le voir repartir avec ses cadeaux et je me souviens encore aujourd'hui de cette émotion, le coeur battant sous les draps d'écouter le bruit des paquets déposés et de la phrase de ma soeur: "ça y est, il est passé, tu peux regarder" Quand je pense qu'on prive parfois les enfants de ce joli souvenir, sous prétexte qu'il ne faut pas les traumatiser avec le premier mensonge des parents! Quelle connerie! Belles fêtes de fin d'année à toi.

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