dimanche 18 juillet 2010
Sur ma peau
mardi 22 juin 2010
Foot, céréales et lipogramme
NB: Il n’aura peut-être pas échappé au lecteur perspicace que tu es qu’il manque une lettre à ce billet lipogrammique. Une miette est venue se nicher sous mon clavier et mon alphabet s’est retrouvé amputé (note pour moi-même: éviter le kouign amann lorsqu’on mange en trainant sur le web).
J'ai sauvé tes vacances, tu peux pas sauver mon clavier ?
dimanche 13 juin 2010
Je m'aigris
dimanche 23 mai 2010
L'effet papillon
Un simple battement d’aile peut provoquer une tornade à l’autre bout du monde. C’est l’effet papillon.
Mon effet papillon à moi, c’est qu’un simple battement cil provoque systématiquement un cyclone dans ma vie de tous les jours.
Je m’explique : je suis un papillon, je n’ai pas d’ailes mais je bats des cils. Je bats des cils quand je fume une cigarette, je bats des cils quand je démonte mes étagères, je bats des cils quand je grimpe dans le bus, je bats des cils quand je fais la cuisine. Et ma vie est une tornade géante.
Retour à J moins 10 :
Mercredi 12 mai — Je fume une cigarette. Dernière latte, battement de cil, et lâcher de mégot un peu trop tôt. Le sens du vent joue contre moi, la cigarette vient se nicher dans ma bottine. Je suis en jupe, ma cheville brûle, et mes Dim-up avec. Action-réaction : j’appuie pour stopper l’incendie. Petite cause, grands effets : embrasement de bas et trou de mégot dans la cheville. Ça fait un mal de chien.
Vendredi 14 mai — Je prends le bus de 08h07, je valide mon titre de transport. Rangement de pass Navigo, démarrage impromptu de bus, battement de cil, vacillement et écrasement de nez contre barre. Je suis fatiguée d’être empotée.
Jeudi 20 mai — Nettoyage de printemps, tout y passe, même les étagères du placard. Il me faut les démonter pour les décrasser. Soit, je démonte. Battement de cil, ripage d’étagère, chute sur pied et craquement d’os. J’en ai marre d’être moi.
Samedi 23 mai — Dîner presque parfait. Au menu : parmentier de canard aux patates douces. Parfaitement réussi, je suis au top du timing et en pleine extase devant mon œuvre culinaire. Battement de cil, lâcher de plat et giclage de parmentier sur carrelage. Je suis au comble du désespoir.
Coupez-moi les ailes, brûlez-moi les cils, faites comme vous voudrez, mais pitié, rendez-moi ma cheville, mon nez, mes pied et mon putain de parmentier ! Je veux plus plus être un papillon, je veux juste rester une larve, me tapir dans mon cocon pour que les petites causes restent parfois sans conséquences.
samedi 1 mai 2010
Uggdal et moi
J’ai trimballé mes frusques pendant des années dans les endroits les plus paumés de ce pays. J’ai vécu des mois dans les Cévennes juste avec des oignons et une chèvre. J'ai habité un village des Pyrénées qui comptait moins de 60 habitants. Et pourtant, je ne me suis jamais autant sentie aussi isolée et démunie que ce soir, seule face à mon armoire Ikea.
Uggdal elle s’appelle, c’est écrit sur le carton. Il m’a fallu 7 mois pour l’acheter, 2 jours et 5 paires de bras pour la monter sur 5 étages, 1 appel à un ami pour assembler le gros du gros. 223 jours après le déménagement et le début de l’aventure, Uggdal traine toujours sa carcasse inachevée au beau milieu de ma chambre à coucher. Et j’ai envie de pleurer.
J’essaie de me raisonner, c’est l’affaire de deux ou trois tours de vis et de quelques coups de clé alène. Pas grand chose, vraiment. Et pourtant, le mode d’emploi en main, je me suis surprise ce soir à m’agenouiller devant Uggdal pour implorer les dieux de la menuiserie suédoise. J’ai fermé les yeux et dans une prière vaine, pathétique et totalement désespérée, je les ai suppliés de bien vouloir m’aider à trouver l’inspiration et la dextérité nécessaires pour parachever cette grande œuvre incomplète.
Quand j’ai rouvert les yeux, l’inspiration n’est pas venue et Uggdal n’a pas bougé d’un pouce ; par contre il m’a semblé apercevoir un rictus ironique sur le visage du petit bonhomme noir et blanc dessiné sur la notice d’assemblage. Je crois bien qu’il se payait ma tête. Du coup pour me venger, je lui ai dessiné une moustache et des oreilles de Mickey.
Samedi 1er mai 2010 – 21h51 : je renonce. Uggdal et moi, c’est fini. Nous aurons vécu une longue et belle histoire d’armoire.
mercredi 7 avril 2010
Les herbes folles
Il y avait des fissures dans l’asphalte tout le long de la petite butte en haut de laquelle nous habitions lorsque j’étais enfant. Parfois, du creux de la brèche jaillissait une touffe d’herbe. Je me suis souvent demandé si c’était l’herbe qui venait briser le bitume, ou bien si elle profitait juste de l’orifice pour pousser là.
Je penchais pour la première la solution, j’aimais l’idée de cette pression de la masse végétale, que j’imaginais fragile et rebelle tout à la fois, sur le monde minéral, brut, massif, dominant. Ça me semblait être une juste revanche et je n’étais pas loin de penser que la lutte des classes se jouait là, juste sous mes pas. Mais je n’avais pas lu Karl Marx. Pas encore.
J’entendais récemment à la radio les chiffres des dernières enquêtes de l’INSEE. 8 millions de français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Paradoxalement, le niveau de vie des plus riches s’est accru. Les inégalités se creusent, et ma consternation avec.
Il y a quelques jours, je me promenais avec ma nièce. Elle s’est émue devant un brin d’herbe qui semblait avoir brisé l’asphalte pour pousser là. Elle m’a regardé, l’air dubitatif. Est-ce que c’était possible ? Je n’ai pas eu le courage de lui avouer que non, de lui dire que les herbes, aussi folles soient-elles, ne peuvent pas fissurer le bitume. Et je me suis demandé si, plus tard, quand elle lirait Karl Marx et la lutte des classes, quelqu’un aurait le cœur de lui dire que ça non plus ce n’était pas possible.
vendredi 26 mars 2010
Mamie-Pipi
Mes journées sont rythmées par une série de rituels, d’habitudes qui reviennent chaque fois comme une rengaine. Je me demande si c’est ça vieillir : poser des jalons sur la route du quotidien pour ne pas trébucher sur l’inconnu.
Il y a cette cérémonie du matin, le réveil qui sonne deux fois, à la même heure, le tous azimut de France Inter et la sempiternelle répétition des gestes chronométrés quasi à la seconde près. Et puis le trajet en bus, le bip du compostage, et la sensation étrange de croiser chaque jour des visages inconnus et pourtant tellement familiers. S’en suit le reste de la journée, ponctuée par le même goût de café brûlé et les éternels courants d’air des pauses cigarettes.
Il y aussi les réunions du lundi, les apéros du mardi et le sport du jeudi. Les agios de fin de mois, la paie du 25 et le gigot boulangère de Noël. Toutes ces balises quotidiennes, mensuelles, annuelles qui scandent la vie, rassurent souvent, et m’angoissent parfois.
Je pensais à ça en fumant sur la passerelle. En rejoignant mon bureau j’ai croisé Mamie-Pipi, j'ai regardé ma montre et j’ai souri. On pourrait écrire une thèse sur Mamie-Pipi et la force de l’habitude. Chaque jour, à 16 heures pétantes, Mamie-Pipi prend l’ascenseur avec son caddie, monte au deuxième étage de l’immeuble, prend le couloir de gauche et rentre dans les premières toilettes de droite. Chaque jour, elle baisse les yeux en croisant l’hôtesse d’accueil, chaque jour elle grommelle un « bonjour » dans murmure gêné et chaque jour elle repart sans un regard, sans un au-revoir. Mamie-Pipi est un mystère pour nous tous, personne ne la connaît, tout le monde ignore ce qui, au-delà d’un besoin naturel, l’amène ici tous les jours pile à la même heure... Mais y-a-t-il vraiment une raison à l’origine du rituel ? Sans doute que non, de même qu’il n’y a pas de raison de continuer à boire un café dégueulasse le matin ou de manger un gigot boulangère à Noël. Alors j’ai réfléchi à tout ça et j’en ai déduit que moi aussi j’étais une Mamie-Pipi. Je me suis juré de ne jamais m’acheter de caddie, il n’empêche qu’il y a peut-être quelqu’un qui sourit en regardant sa montre quand je pars au sport le jeudi. Et puis ?