En janvier 2010, je racontais ici
pourquoi ma grand-mère me disait que je n’étais pas bonne à marier. En ce jour
un peu particulier, j’aimerais faire le bilan de ces 3 années et envoyer un
message vers l’au-delà.
Mamie,
J’aurais pu m’entrainer dur, mettre toutes ces années à profit, m’atteler
quotidiennement au lustrage de l’argenterie et à l’entretien de la cheminée
dans l’espoir de devenir une ménagère parfaitement épousable, mais il se trouve
que je n’ai ni argenterie, ni cheminée et donc, je ne l’ai pas fait.
Par conséquent, aucun miracle ne s’est produit, mon annulaire est resté
nu comme un ver, j’échoue encore systématiquement au test de la salade, et j’ai
définitivement cessé de m’entrainer à répéter « oui, je le veux »
devant mon miroir.
J’imagine ton désarroi, tu te dis probablement que je finirai seule,
dans mes fripes mal repassées, et que toutes les laitues de ma vie auront
systématiquement le goût amer de l’échec.
Mais rassure-toi Mamie, tout va bien. Le 21ème siècle est maintenant largement entamé,
l’argenterie c’est has-been, le chemisier se porte froissé, et des robots passent
l’aspirateur à notre place. On se marie encore, mais pas toujours, et pas tout
le monde. On s’aime quand même, enfin on s’kiffe, on s’like et on share son
statut conjugal sur le web. Il y a maintenant des milliers de façons de se dire
qu’on s’aime quand on a trouvé sa moitié. J’ai trouvé la mienne et on a opté
pour la formule sans cérémonie, sans magret de canard et sans chenille qui
redémarre. Aujourd’hui, on a conclu un pacte, pas du genre on mêle nos sangs et
« croix de bois, croix de fer, si on se quitte on va en enfer ». Plutôt
le genre pacte civil, un truc qui n’existait pas à ton époque, mais qui
fait quand même de nous une famille.
Tu vois Mamie, le ménage c’est pas tout et la laitue on s’en
fout. Le bonheur est ailleurs, et
je l’ai trouvé. J’aurais aimé que tu sois là pour voir ça, je t’aurais
présenté ma tribu, notre chez-nous sans dessus-dessous, et t’aurais surkiffé mon
aspirateur robot !
Aller Mamie, faut que
je te laisse, c’est vendredi et je dois lustrer les cuivres.
xo xo