lundi 30 novembre 2009

Voir New York et mûrir

Certaines offrent leur virginité à leur premier amour, moi j’ai décidé d’offrir mes 30 ans à New York.

Je voulais vieillir dans un film de Scorsese, voir un match des Yankees, revivre Smokes et Brooklin folies. Alors je pars demain, bousculer mes clichés, réaliser un vieux rêve.

Et là-bas, j’irai grandir entre les buildings, je cracherai mes 20 ans dans les bouches d’égouts fumantes des quartiers chauds, je balancerai ma jeunesse sur les boulevards comme on jette un mégot sur le trottoir.

lundi 23 novembre 2009

Saucée de lacets

Il pleut des cordes.
Non, pas tout à fait des cordes, des lacets plutôt.
Oui, c’est exactement ça, sur les vitres des immeubles, se dessinent et s’entremêlent des centaines de petits cordons qui nouent les carreaux comme on lace ses chaussures. Je jette un œil sur celles du type à côté de moi Elles ne ressemblent à rien. A rien, ou à deux requins peut-être bien. Les semelles se sont désolidarisées du reste pour avaler, gueules béantes, les miasmes de boulevard, les rognures de bitume.
Il a suivi mon regard et m'a raconté sa vie de lèche-trottoir. Il m'a expliqué comment, pour survivre, les chaussures se font ramasse-miettes. Par temps de famine, elles happent les chiures d’asphalte, se gavent de toute la misère de la rue, s’emplissent la panse d’ordures et de fientes.
Il est des silences qui s’installent pour laisser place à la pudeur, des silences que l’on cultive soigneusement par décence, des silences pénitents, contrits. Construire des murs de non-dits, bâtir, pierre à pierre, un black-out de cailloux et s’y réfugier le temps de la repentance.
J’ai appris à y vivre dans ce bastion de scrupules et de honte, j’ai même appris à m’y sentir presque bien. Presque...
La pluie continue de s’écraser sur les fenêtres comme une giboulée de petit pois laissant sur les carreaux un nœud inextricable de cordelettes légumineuses. La nuit s’installe en plein après-midi.
Je le regarde, dans la pénombre. Le déluge de petits pois l’indiffère, de même que la cécité qui s’immisce chaque goutte un peu plus dans notre fin de journée. Je ne vois plus ses pieds mais je me souviens qu’il n’avait pas de lacets. Comme si ses chaussures les avaient avalés, engloutis, pour les recracher ailleurs, plus loin, sur les pavés d’une rue ruisselante de milliers d’autres lacets. Partout les égouts regorgent de tous ces cordons-macchabées, mâchés et dégueulés par autant de milliers de paires chaussures. Et aujourd’hui il pleut les lacets de tous les miséreux, désaxés et autres marginaux de la terre entière.

mercredi 11 novembre 2009

Question pour un champion

Qui suis-je ?

Mes deux petits doigts n’ont qu’une demie phalange et j’ai dans le dos comme un grain de peau. J’ai en permanence un kit de survie en milieu hostile et un bloc de post-it dans mon sac à main. Je pleure à chaque épisode de la Petite maison dans la prairie et je trouve que Roger n’est pas un prénom honnête pour un rabbit. J’ai donné un nom à mes pieds, à mon frigo et à feu-mon-cactus. J’ai la carte bleue compulsive et je ne me suis jamais épilée les sourcils. J’ai presque 30 ans et de la fuite dans les idées.

Je suis, je suis...

mardi 3 novembre 2009

J - 1 mois

J'arrondirai ma fin de moi loin de vous.

dimanche 1 novembre 2009

La vie comme elle s'en va


La vie comme elle va, vient, et puis s’en va. La vie qui souffle sur le temps, emporte avec elle vos aïeuls et balaie d’un coup les souvenirs de vos jeunes années. Cette vache de vie qui vous dit que l’heure a sonné, que c’est ainsi, qu’il faut être philosophe.

Mais moi j’ai pas envie d’être philosophe. Je veux qu’on me rende mes 10 ans, mon père Noël et mes vacances à Houlgate. Je veux refaire des parties de pêche, de la pâte à crêpe et jouer encore aux petits chevaux. Je veux qu’on me raconte les mêmes histoires, rire sur les mêmes rengaines et entendre encore et toujours la petite musique des souvenirs qu’on se repasse en boucle depuis la nuit des temps.

Je peux pas devenir sage, m’assoir sur ma peine, me dire qu’il est temps, que c’est dans l’ordre des choses. Dans ma vie à moi, les choses n’ont pas d’ordre, le temps a souvent tort et la peine ne se dompte pas.

Et si être adulte c’est se faire une raison, se draper dans sa résignation, alors je veux pas grandir. Je veux rester une enfant. Et tant pis si je tombe quand on me lâche la main.